Joëlle Bécard, plasticienne engagée révélatrice de talents (14/09/2022)

index.jpg

Si l’art est un vecteur d’inclusion, Joëlle Bécard en est l’un des fers de lance au sein d’APF France handicap ! Depuis près de 38 ans, l’animatrice plasticienne s’est engagée avec passion auprès des résidents du foyer Jacques Bourgarel à Chartres (28), puis à la résidence du Maine à Paris 14e et, aujourd’hui, en tant que bénévole. Dernière touche à son parcours : la scénographie de l’exposition collective "L'art coûte que coûte" cet été à l’Orangerie du Sénat. Un grand succès.

 

Dès son recrutement en 1983 au poste d'animatrice au foyer Jacques Bourgarel à Chartres, la fibre artistique de Joëlle Bécard l’a immédiatement distinguée des autres candidats. « J’ai été choisie malgré mon ignorance de l’univers du handicap ! Gérard Prier, alors directeur du foyer, m’a sélectionnée pour mon parcours artistique qu’il estimait à même de soutenir l'expression créatrice des résidents. Gérard et moi nous sommes rencontrés sur le versant de la passion artistique, avec l'art comme double vecteur d'évolution personnelle et d’inclusion. Ce parti-pris était inédit au début des années 80 ! »

Des œuvres "hors normes" et "hors les murs"

Très vite, grâce à la finesse de l’accompagnement de Joëlle et de celui des ergothérapeutes, dont elle a toujours tenu à s'enrichir de leurs apports techniques, la dynamique de l’atelier s’amplifie jusqu'à donner lieu au premières expositions "hors les murs" : lors des Congrès de Bordeaux (1984) puis de Deauville (1998), pour les dix ans du foyer en 1992 avec une toile exposée en plein cœur de Chartres, à Arnhem en Hollande en 2000 couronnée par une fresque de 10 mètres de long peinte à l’aide des roues de fauteuils et à Paris, en 2003, avec l’exposition "Couleur à hauteur d'auteur" dont les œuvres sont accrochées à la hauteur des personnes en fauteuil. « Les toiles des personnes en situation de handicap ont très vite trouvé leur place dans le registre de l'art singulier dit aussi "hors les normes" ou "modeste". Depuis, cet art gagne en reconnaissance aux yeux des institutions culturelles et du grand public. »

index1.jpg

L'art, vecteur de sensibilisation

En 2000, Joëlle poursuit son activité à la résidence du Maine tout en montant des événements artistiques pour la délégation de Paris. « Les directeurs m'ont tous fait confiance et je me suis sentie libre de développer des actions. C’était un réel plaisir de bénéficier de leur soutien ! »

Fédératrice, Joëlle favorise en 2007 un partenariat avec la prestigieuse Ecole de l'image des Gobelins, à Paris dans le 13e. Encore active aujourd'hui, cette collaboration permet aux étudiants de réaliser des catalogues des peintures des résidents et des plaquettes de présentation des services de l'association. « Ce partenariat sensibilise les jeunes de l’école au handicap. À plus d'un titre, APF France handicap a intérêt à développer l'art. En France, c'est l'une des seules associations qui s’y engage, alors qu'à l'étranger, cette démarche s'est déjà largement développée. »

index2.jpg

Dernière touche : une exposition au Sénat

Aujourd’hui à la retraite et bénévole de l’association, Joëlle a été l'instigatrice du tout dernier événement artistique d’APF France handicap, l'exposition "L'art coûte que coûte" à l'Orangerie du Sénat à Paris. Du 11 au 22 août dernier, l’événement a présenté 120 œuvres de 49 résidents de la résidence du Maine et du Centre de rééducation fonctionnelle du Petit-Tremblay à Corbeil-Essonnes (91). Co-scénographiée avec Gérard Prier, représentant au sein du Conseil départemental d’APF France handicap d’Eure-et-Loir, et Bruno Gaurier, conseiller politique bénévole, cette exposition artistique a bénéficié de l’aide technique de l’équipe de la résidence du Maine et du Service développement associatif du siège.

« Explosion de lumière, de vie et de couleurs », des « âmes qui respirent », des « visages qui sont ceux de tous à l’intérieur », le livre d’Or de l’exposition ne tarit pas d’éloge : près de 7000 personnes, touristes étrangers et français, ont pu admirer les œuvres dont une vingtaine a été vendue. L’occasion aussi pour eux de découvrir l'association et ses activités artistiques, de faire un don ou de laisser leur contact pour être informés.

Jusqu’au critique d’art international, Christian Noorbergen, qui a couvert d’éloges l’événement dans la revue électronique Aralya dans un article évoquant « des œuvres fraiches, étranges et obsédées, incroyablement denses - ou légères comme le vent - où la vitalité de l’artiste troue le vide et embrase l’inertie du quotidien. »

Deux des peintres, résidentes au foyer du Maine, Brigitte Picard et Julie Capdevielle ont tenu à expliquer elles-mêmes leur démarche artistique aux visiteurs. En leur absence, Joëlle a multiplié les visites guidées, jusqu’à en perdre la voix... « On a tous été emportés par cet événement qui a généré tellement de rencontres et de retours positifs ! » reconnaît la scénographe.

Encouragée par ce succès, la plasticienne conçoit déjà de nouveaux événements artistiques. Sa retraite sera assurément haut en couleurs !

16:52 | Lien permanent | Commentaires (0) |  Facebook